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LE SCOTOMANE VOYEUR


Sur les traces de la trace

ou

la trace à la puissance n

Ou

Pho

Po




À ceux ou celles qui croient à la théorie de la trace, je demanderais :

— Jusqu'où peut persister cette trace ?

— Ne peut-on pas détruire la trace et garder la photographie ?

— Ne peut-on pas reproduire la trace mais sans la garder ?


Jusqu'où peut persister cette trace ?

On remarquera que les photons ne sont que de passage, que la matière de la "trace" est chimique et non pas électromagnétique, bref, qu'il ne reste rien.

L'argentique aura le même statut que le numérique.

Si le négatif est la "trace" du référent, l'épreuve est la trace d'une trace (ce qui est très platonique), le tirage d'après photo, la trace d'une trace d'une trace…

Pour en finir, si le référent est par exemple une photo, en multipliant les tirages il serait possible d'avoir plus de "traces" que d'objet original, ce qui déplaît à notre sens linguistique.


Ne peut-on pas détruire la trace et garder la photographie ?

Il est possible de reproduire une photographie par quelque trame grossière, morphing purement mécanique, bain-chimique anti-spectre…, pour rendre une photographie artistiquement floue et ne reproduisant qu'un minimum des conditions de vision contemporaines à la prise de vue — je pense au portrait photographique de Raymond Roussel reproduit par Markus Raetz par quelques dizaines de gros grains (comme des boules de pétanque, de surcroît) ; si l'on regarde distraitement, on ne voit qu'un terrain sablonneux avec des boules, si l'on regarde mieux, les yeux mi-clos, on voit la photographie de Roussel revenu chercher sa forme terrestre.

Dans ce deuxième cas, il me semble que le grain, dont la visibilité, l'insistance même de la présence, dépendent du libre choix du tireur, pose la vraie question concernant la "trace" : en quoi, physiquement, réside la trace ? Et qu'est-ce que la "trace" sinon une théorie matérialiste ? Où est-ce que l'image devient non reconnaissable ? Si le référent était deux points noirs sur fond blanc, quel serait le "cercle de confusion" permettant d'attester que le négatif contenait sa "trace" ? Il n'y a pas de "trace" sous le microscope (il faut reproduire les conditions de vision).


Ne peut-on pas reproduire la trace mais sans la garder ?

Quant au troisième cas, quelle serait la différence, alors, entre une photographie, même en couleur, et sa reproduction totale et parfaite à l'huile ? Et qui ne s'est pas fait avoir par les 'photos' mises en abîme dans les tableaux de Patrick Caulfield ?


Que de superstitions !

Vous auriez DEUX photographies du Jardin d'Hiver (la grande absente de La chambre claire), rien ne vous empêcherait alors d'en déchirer une.


L' "aura" ne supporte pas la singerie.

Elle en dépend.

Toute chose est sa propre parodie.

(c)

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La photographie est une trace,
MM. les théoriciens de la photo