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LE COMMISSAIRE BI PED


ROMAN-PHOTO-GRAPHIQUE LANCÉ PAR P. ED



Ou

Pho

Po

Il s’agit de construire à huit un roman-photo, chacun faisant, à tour de rôle, deux ou plusieurs photos, chacune avec un petit texte d’accompagnement, le tout ayant une finalité non pas livresque, mais expositionnelle : pour ce qui est des images, sous verre dans un ou plusieurs cadres, et, en ce qui concerne le texte, dans un petit livret/catalogue.

Règles contraignantes

  1. 1. La personne suivante doit faire au minimum deux photographies et écrire au minimum deux courts textes. Chaque photo met en vedette une partie du corps (il n’est pas nécessaire d’en faire un gros plan, il sera laissé à chacun de comprendre « mettre en vedette » à sa manière et suivant son libre choix, mais ce n’est pas insinuer que les gros plans sont à exclure) et cette partie du corps sera déterminée par la photo précédente ainsi : la suite des photographies commence avec le nombril et rayonne simultanément vers le haut et vers le bas du corps. Une exécution classique pourrait donner la configuration suivante :

  2. Première personne : nombril

  3. Deuxième personne : ventre ; sexe

  4. Troisième personne : thorax ; cuisses ; etc.

  5. Résultat classique :

  6. calvitie

  7. yeux

  8. bouche

  9. cou

  10. épaule

  11. thorax

  12. ventre

  13. nombril

  14. sexe

  15. cuisses

  16. genoux

  17. tibias

  18. chevilles

  19. gros orteils

  20. plantes des pieds

  21. Note : Pour les cuisses jusqu’aux plantes des pieds, il serait souhaitable de respecter le nombre de jambes choisi initialement (voir ci-dessous).

  22. 2. Il ne s’agit donc pas de faire un cadavre exquis. Chaque ouphopiste est tenu à envoyer au suivant le dossier complet des travaux jusqu’à là accomplis.

  23. 3. Mais il doit à un moment s’agir de cadavre, car l’histoire est POLICIÈRE. Ce qui ne l’empêche pas d’être autre choses aussi (fantastique, documentaire…).

  24. 4. L’histoire doit pouvoir se lire dans les deux sens : de la tête au pieds, puis des pieds à la tête. Il ne s’agit pas de faire un palindrome, mais d’écrire des épisodes qui peuvent s’enchaîner dans les deux sens. L’affaire se corse cependant avec les bifurcations (voir ci-dessous).

  25. 5. On doit transmettre à la personne suivante un objet qui doit figurer dans une des photos à faire.

Échappatoires (règles non-contraignantes)

  1. 6. Un libre choix est donné pour la sélection de la partie du corps à mettre en vedette, une fois que l’on sait qu’elle doit se trouver plus haut ou plus bas d’une autre partie. Dans un scénario classique, c’est la huitième et dernière personne qui fera la tête et les pieds. Néanmoins, plusieurs échappatoires existent. Il y a les parties du corps non-localisées ou, plutôt, omni-distribuées : la peau, la squelette, les nerfs, les muscles, le sang etc. Si l’on choisit ses parties-là — ce que l’on peut faire à n’importe quel moment —, c’est la personne suivante qui doit alors reprendre le corps au point où il était resté.

  2. 7. Nous avons pris jusqu’à maintenant le cas d’un unijambiste manchot. Les bras, les jambes et les autres corps présentent quelques possibilités non-négligeables. Vous pouvez bifurquer au niveau du thorax et faire trois photos : une du bas du corps, mais aussi une deuxième du cou et une troisième du bras. La personne suivante pourrait alors faire trois photos aussi : une du bas du corps, une de la mâchoire, et une pour terminer le bras, ou, une de la main qui tient une autre main et qui commence ainsi TOUT UN AUTRE CORPS… Les corps pourraient être joints à d’autres endroits.

7 bis.   L’œuvre finale (qui pourrait remonter le temps dans les deux sens indéfiniment et de corps en corps) sera disposée suivant la logique du corps plutôt que d’une manière linéaire pour l’exposition.

7 ter.  Celui qui fait une photo du haut du corps plus une pour chaque jambe, ou qui fait une du bas du corps puis deux pour le haut, fait un « bifurcation ». Celui qui fait une photo du bas du corps, puis qui fait trois pour le haut (par exemple, le cou et les deux aisselles), fait une « trifuraction ». On peut envisager un bifurcation assortie d’une trifurcation. Il est difficile, dans ce cas là, pour la personne suivante, d’éviter d’avoir à faire cinq photos.

8. Il n’y a pas de taille/hauteur obligatoire pour les photos, qui peuvent d’ailleurs être en couleur ou en noir et blanc, mais pour qu’un maximum de photos puissent être encadrées dans un même cadre, il est recommandé de ne pas dépasser une hauteur de 10cm. Les tirages seront montés derrière une Marie-Louise à trous multiples.

Sujets de réflexion

Qui est le corps transcendantal ? Qui est CE corps ? Qui est le photographe ? Où est le cadavre ? Et, bien sûr, qui a fait quoi à qui, où, quand, comment et pourquoi ?

Première photo (P.Ed) : « Navel »

On remarque sur la première photo quelques objets qui pourrait devenir des pistes à suivre : bijoux algériens (kabyles) ; verre de chartreuse verte (qui est en fait du vin de gingembre) ; rubis (qui est en fait un bonbon « fraise des bois ») ; tapis mozabite ; écharpe indienne de la danseuse et gilet indien de la personne assise hors caméra (ou parti ?). Ne figure pas sur la photo : une carte du restaurant indien parisien « Le Navel » (en anglais : « nombril »). Cette carte fait partie du dossier du projet et sera transmis à la personne suivante pour inclusion dans sa photo, ou pour être passée à la personne qui la suivra.

Nombril

(P.Ed)

Chapitre 0

Loin du brouhaha du monde du trottoir, le Commissaire Bi Ped s’était cu’té dans son sous-sol favori où l’on servait un kir saignant. Comme tout avait changé pour lui, car jamais n’aurait-il deviné que l’enquête l’aurait mené dans le restaurant-même où il comptait un jour raconter toutes les péripéties de l’affaire à ses amis dans une atmosphère de luxe, calme et série policière. Il fallait maintenant que son œil traverse la buée du repos bien mérité qu’il aurait aimé l’entourer, mélangée aux vapueurs de la cuisine puissante. Il éternua. Pphssshithpff !! N’allons pas attirer l’attention sur nous maintenant, pensa-t-il, mais heureusement il passait toujours pour invisible. Il rougit seulement. L’ennemi était dans la salle.

Tiens ! fit-il soudain, car il se croyait sur son territoire…

(à suivre et à précéder…)



Notes complémentaires de G. Moguérou et M. Troulay concernant Nombril

Ces notes complètent celles de Paul Edwards. Nous avons en effet rencontré plusieurs difficultés. Nous signalons ici celles que nous n’avons pas résolues et donnons nos solutions pour les autres.

Règles contraignantes

  1. Règle 1

  2. Voici où nous en sommes dans le « découpage » :

  3. Chapitre -2 = bouche : Troulay

  4. Chapitre -1 = cou + épaule : Moguérou

  5. Chapitre 0 = thorax + ventre + nombril : Edwards

  6. Chapitre +1 = bassin : Moguérou

  7. Chapitre +2 = cuisses : Troulay

  8. Règle 4

  9. Il nous est apparu impossible de satisfaire cette contrainte. Comment, en effet, faire avancer une action (surtout dans le cadre d’une enquête policière) tout en permettant une lecture dans les deux sens ? De plus, ce travail complexe nous paraît plus oulipien qu’ouphopiste. Nous proposons donc de réexaminer la question lorsque toutes les photographies seront réalisées.

  10. Règle 5

  11. Les pièces « incriminatoires » sont :

  12. Edwards = carte du restaurant Navel,

  13. Moguérou = portrait anthropométrique d’Arthur le Mozarabe,

  14. Troulay = lettre de menaces lue par la femme au chapitre -2.

Description des photographies

  1. Chapitre -2

  2. Bas du visage de la femme + rouge à lèvres ; lumière du jour.

  3. Chapitre -1

  4. Épaule de la femme + voile rose ; feuillage en arrière-plan ; lumière de jour.

  5. Chapitre +1

  6. Escalier du restaurant ; lambris ; hanches de la femme ; le paréo est le voile de la photo -1 ; lumière artificielle (lampe à incandescence) + flash.

  7. Chapitre +2

  8. Cuisses d’Arthur le Mozarabe ; pantalon en toile de jean noir ; T-shirt blanc ; gilet brodé ; lambris en arrière-plan ; lumière artificielle (lampe à incandescence) + flash.

Indications supplémentaires

Le nom du commissaire (Bi Ped) ne nous paraît pas très heureux ; nous avons évité de l’employer.

Pour nous, le commissaire est une femme (nous avions fait ce choix lorsque nous tentions de satisfaire la contrainte 4). Il s’ensuit que le pronom « elle » se rapporte tantôt à la femme, tantôt au commissaire et que « il » se rapporte au commissaire (qui est une femme).

De même que nous avons été amenés à récrire le chapitre 0, vous pouvez adapter nos chapitres à vos exigences. Nous estimons qu’une réécriture de tout le texte s’imposera à la fin.

Nombril

Chapitre -2 : La femme

Bouleversée par ce message, elle se remit hâtivement du rouge sur les lèvres et se précipita dans l'ascenseur. Quarante secondes après, elle était dans la rue.

Le commissaire, en planque depuis le matin, fut soulagé de la voir surgir sur le trottoir. Elle n’avait plus qu’à la suivre à bonne distance.

Chapitre -1 : Le piège

Elle dénoua son écharpe indienne en entrant dans le drugstore, se dirigea vers un serveur inoccupé et lui dit quelques mots tout en fouillant dans son sac.

Le commissaire dut s’approcher, faisant mine d’acheter des cigarettes. Il la vit sortir un carton et le montrer au serveur qu’il entendit lui répondre : « Le Navel ? C’est juste à gauche, à l’angle de la prochaine rue. » Le commissaire sortit précipitamment : il connaissait si bien le Navel qu’il avait décidé en un éclair d’y précéder la femme.

Chapitre 0 : Au restaurant indien

Loin du brouhaha du monde du trottoir, le commissaire se retrouva dans son sous-sol favori. Comme tout avait changé pour lui ! Jamais il n’aurait deviné que l’enquête le mènerait dans le restaurant-même où il comptait raconter un jour toutes les péripéties de l’affaire à ses amis, dans une atmosphère de luxe, calme et polar. Mais il était encore loin de cette atmosphère de repos bien mérité dans laquelle il aurait aimé baigner ; seuls l’entouraient les suaves effluves de la cuisine épicée…

Il éternua. N’allons pas attirer l’attention sur nous maintenant, pensa-t-il mais heureusement, il passait toujours inaperçu. L'ennemi serait dans la salle ? « Tiens, tiens ! » fit-il car il se croyait sur son territoire…

Chapitre 1 : Piégée !

La serveuse aux seins nus venait à peine de remplir son verre de sa chartreuse habituelle, quand on entendit des pas descendre l’escalier du restaurant. Elle tourna la tête et vit apparaître la taille de la femme attendue. Surprise ! Celle-ci n’était pas seule ! Un homme l’accompagnait… Et c’était Arthur le Mozarabe !

Chapitre 2 : L’homme

Le commissaire se rejeta en arrière et se fit toute petite sur son siège quand le couple passa près d’elle. Elle entendit la femme dire à l’homme au gilet brodé : « Comment avez-vous pu me retrouver ? »

 
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